Une nouvelle ère a débuté pour les entreprises européennes : celle de la CSRD, la Corporate Sustainability Reporting Directive. Cette directive européenne majeure change la donne en exigeant des entreprises qu’elles publient des informations beaucoup plus détaillées sur leurs impacts sociaux, environnementaux et de gouvernance.
Pour les dirigeants, les responsables RSE et les professionnels de la communication, il est crucial de comprendre que la CSRD représente bien plus qu’une simple contrainte. Au-delà de son caractère obligatoire, elle incarne une opportunité unique et stratégique. C’est le moment de repositionner votre marque, de renforcer considérablement votre réputation et, surtout, d’accélérer concrètement votre transition vers un modèle plus durable.
Qu’est-ce que la CSRD ?
La CSRD, c’est une directive européenne qui a été adoptée en 2022. Son but ? Renforcer la transparence des entreprises quand il s’agit de développement durable. Elle vient remplacer et surtout élargir l’ancienne NFRD, la « Non-Financial Reporting Directive », qui était jugée un peu trop limitée.
L’objectif de la CSRD
Pourquoi cette nouvelle directive ?
- Uniformiser le reporting extra-financier partout en Europe. Fini les informations dans tous les sens !
- Permettre aux investisseurs, aux consommateurs et à tous les partenaires de vraiment comparer les entreprises sur leurs engagements ESG – c’est-à-dire l’Environnement, le Social et la Gouvernance. On veut voir clair dans ce que chaque entreprise fait concrètement.
Les grandes nouveautés
La CSRD apporte des changements majeurs :
- Un champ d’application beaucoup plus large : on passe de quelques milliers à plus de 50 000 entreprises concernées en Europe ! Votre entreprise est peut-être concernée si elle ne l’était pas avant.
- L’introduction de normes européennes obligatoires : c’est ce qu’on appelle les ESRS. Ce sont des règles précises pour savoir quoi et comment reporter.
- Un principe clé : la double matérialité. Ça, c’est fondamental ! Ça veut dire que les entreprises doivent regarder les choses sous deux angles : comment leurs activités affectent la planète et la société (leur « impact »), mais aussi comment les enjeux environnementaux et sociaux peuvent les affecter, elles (leur « risque financier »).
- Enfin, il y a une vérification externe obligatoire : un audit. C’est un peu comme un commissaire aux comptes, mais pour vos données de durabilité. Cela garantit la fiabilité des informations.
Qui est concerné par la CSRD ?
La directive s’applique progressivement selon plusieurs phases. Voici un tableau des échéances :
Année | Entreprises concernées | Première publication attendue |
2024 | Grandes entreprises déjà soumises à la NFRD | 2025 |
2025 | Autres grandes entreprises (>250 salariés ou >40M€ CA) | 2026 |
2026 | PME cotées (sauf micro-entreprises) | 2027 |
À noter : Les filiales de groupes étrangers ayant une activité significative en Europe sont également concernées à partir de 2028.
En quoi consiste le rapport CSRD ?
Le rapport de durabilité doit suivre les normes ESRS (European Sustainability Reporting Standards). Il couvre trois grands piliers :
1. Environnement
- Émissions de GES (Scopes 1, 2 et 3)
- Adaptation au changement climatique
- Utilisation des ressources, pollution, biodiversité
2. Social
- Conditions de travail
- Égalité, inclusion, santé, sécurité
- Droits humains dans la chaîne de valeur
3. Gouvernance
- Éthique des affaires
- Lutte contre la corruption
- Rémunération et diversité des organes de direction
Le principe de double matérialité impose d’analyser à la fois :
- L’impact de l’entreprise sur la société et l’environnement
- L’impact des enjeux ESG sur l’entreprise elle-même
Pourquoi la CSRD est-elle stratégique pour les entreprises ?
La CSRD n’est pas qu’une obligation administrative, c’est un levier stratégique puissant :
- Crédibilité accrue auprès des investisseurs et partenaires
- Attractivité RH renforcée (notamment chez les jeunes talents)
- Anticipation des risques (réputation, réglementation, chaîne d’approvisionnement)
- Opportunités de différenciation dans un marché de plus en plus exigeant
En bref : bien traiter la CSRD, c’est aussi améliorer sa performance globale.
Voir le replay de notre webinaire
CSRD & Loi Omnibus : les clés pour une mise en conformité réussie
Comment s’y préparer efficacement ?
Étape 1 : Cartographier ses impacts
Identifiez les enjeux ESG les plus matériels pour votre entreprise et vos parties prenantes.
Étape 2 : Mettre en place une gouvernance RSE robuste
Créez une équipe projet transversale, avec un sponsor exécutif, pour piloter la démarche.
Étape 3 : Collecter les données
Centralisez les indicateurs quantitatifs (carbone, diversité, santé…) et qualitatifs (politique, objectifs…).
Étape 4 : Structurer le reporting
Appuyez-vous sur les normes ESRS (à télécharger sur le site de l’EFRAG).
Étape 5 : Préparer l’audit
Assurez la traçabilité et la vérifiabilité des données dès le départ pour l’assurance tierce.
Quels outils pour faciliter le reporting CSRD ?
De nombreux outils numériques peuvent accompagner les entreprises :
- Logiciels ESG comme Greenly, Plan A, SustainLab ou Enablon
- ERP intégrés avec modules RSE (SAP Sustainability Control Tower, Microsoft Cloud for Sustainability)
- BI & Data Viz : Power BI, Tableau, Looker pour visualiser vos indicateurs
Intégrer ces outils dès la phase de collecte vous fera gagner un temps précieux lors de la publication.
Que risquent les entreprises non conformes ?
Ne pas respecter la CSRD peut entraîner :
- Des sanctions financières imposées par les autorités nationales
- Une perte de confiance des investisseurs et parties prenantes
- Une dégradation de l’image de marque (greenwashing, opacité…)
Il est donc essentiel de s’y préparer dès maintenant, même si votre entreprise n’est concernée qu’en 2025 ou 2026.
De la contrainte à l’opportunité
La CSRD est plus qu’un simple reporting. C’est une révolution dans la manière dont les entreprises communiquent et pensent leur performance. C’est aussi un formidable accélérateur de transition durable.
Plutôt que de la subir, faites-en un levier stratégique : pour mobiliser en interne, dialoguer avec vos parties prenantes, et bâtir une entreprise résiliente et responsable.